Au Laos, la Répression Silencieuse
Le développement peut être une machine à broyer les hommes. Au Laos, petit pays enclavé d’Asie du Sud-Est réputé pour ses éléphants et la gentillesse de ses habitants, des projets pharaoniques de barrages et de centrales électriques défigurent les paysages et font disparaître des villages entiers. Simultanément, le déferlement sur ce pays communiste des investisseurs chinois transforme les campagnes en terres à exploiter pour approvisionner l’immense Chine voisine en latex ou autres produits agricoles.
Ce livre raconte ce que trop d’officiels des institutions internationales et des bailleurs de fonds préfèrent taire. Il dit les larmes, les dommages irréparables, les communautés fracturées, les activistes persécutés lorsqu’ils s’opposent aux choix du régime tout puissant et dénoncent la corruption rampante. Plus qu’un récit, un plaidoyer pour une approche différente de la croissance économique et des politiques supposées permettre aux pays pauvres comme le Laos de sortir de l’ornière grâce à l’exploitation effrénée de leurs ressources naturelles.
Pourquoi ce livre
J’ai écrit ce livre juste après avoir été expulsée du Laos, un pays dans lequel je travaillais depuis plus de trois ans, avec un engagement croissant sur le problème des accaparements de terres. Une semaine après mon expulsion, Sombath Somphone, ami et partenaire dans l’action, disparaît lors d’un contrôle de police à Vientiane, la capitale du Laos. Ce livre est un témoignage sur cette disparition forcée, une tentative de rétablir un peu de vérité au-delà des communiqués officiels mensongers, pour que Sombath ne soit pas oublié.